LE MEURTRE TROUBLANT DE LA FAMILLE DUPONT DE LIGONNÈS
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En 2011, à Nantes, dans l’ouest de la France, tous les membres de la famille Dupont de Ligonnès, à l’exception du père, Xavier, ont été assassinés dans leur sommeil. Même les deux chiens de la famille ont été tués avec ce qui serait une carabine .22 Long Rifle, équipée d’un silencieux.
Après que des amis et des proches aient signalé la disparition de la famille, la police a fouillé la maison et découvert les cinq corps enterrés sous la terrasse. Une chasse à l’homme a immédiatement été déclenchée contre Xavier, qui est vite devenu le suspect numéro un. Il avait résilié le bail de leur maison et prévenu le collège des enfants qu’ils n’assisteraient plus aux cours car la famille déménageait.
Bien que sa voiture ait été découverte sur le parking d’un hôtel du sud de la France, il n’y a aucune trace du père de famille. La police pense qu’il se serait suicidé, mais son corps n’a jamais été retrouvé.
UN MEURTRE TROUBLANT NON ÉLUCIDÉ
Une mère et ses quatre enfants retrouvés enterrés dans un jardin à Nantes.
Au premier abord, cette étrange affaire aurait pu être un changement de vie drastique d’une famille bourgeoise, qui aurait vidé la maison familiale pour s’envoler vers un autre continent. Des voisins des Dupont de Ligonnès et de leurs quatre enfants ont contacté la police après avoir remarqué que leur maison, située dans la ville de Nantes, semblait étrangement vide. Le collège des enfants avait été prévenu d’une « mutation soudaine » en Australie, les armoires de la famille avaient été vidées et la boîte aux lettres affichait la note suivante : « Courrier à retourner à l’expéditeur. Merci. »
Cependant, lorsque la police examine de plus près leur maison, ainsi que la terrasse en travaux, ils découvrent une jambe humaine enterrée dans le jardin. De plus amples recherches révèlent un corps à une seule jambe et quatre autres cadavres. Il s’agirait de ceux de la mère, Agnès, 49 ans et des enfants : Arthur, 20 ans, Thomas, 18 ans, Anne, 16 ans et Benoît, 13 ans. Ils semblent avoir été tués par balle. Leurs corps sont emballés dans des sacs de jute et recouverts de chaux vive, le tout acheté récemment. À leur côté se trouvent les corps des deux labradors de la famille, Léon et Jules.
CHRONOLOGIE
Il a été découvert que Xavier Dupont de Ligonnès avait acheté du ciment, une pelle et une houe le 1er avril 2011.
Il a également fait l’achat de quatre sacs de chaux de 10 kg chacun, dans différents magasins de Nantes et de ses alentours le 2 avril.
Le dimanche 3 avril, le couple et trois des enfants dînent dans un restaurant nantais avant de se rendre au cinéma.
C’est la dernière fois que la famille, presque au complet, a été vue vivante.
Puis le 4 avril, Anne et Benoît ne se rendent pas à leur collège, La Perverie-Sacré Cœur, pour cause de « maladie ».
Ce soir-là, Xavier dîne seul avec son fils Thomas à La Croix Cadeau, un restaurant gastronomique situé à Avrillé, près d’Angers. Deux serveurs se souviennent que Thomas n’avait pas l’air bien à la fin du repas, et que Xavier et son fils se sont à peine parlé au cours de la soirée.
Selon les enquêteurs, Xavier Dupont de Ligonnès aurait assassiné sa femme et trois de ses enfants dans la nuit du 3 au 4 avril, avant de s’en prendre à son fils Thomas dans la soirée du 4 avril.
Le 13 avril, leurs voisins de Nantes s’inquiètent et préviennent la police. Cela fait plus d’une semaine que les volets de la maison sont fermés et la voiture d’Agnès est toujours garée dans la rue où se trouve la maison.
La police recherche le père, Xavier Dupont de Ligonnès, 50 ans, décrit par ses voisins comme un homme « poli et discret ». Sa voiture a été retrouvée le vendredi suivant, sur le parking d’un hôtel Formule 1 de la Côte d’Azur, où il aurait passé une nuit mi-avril.
DES INDICES ?
D’étranges informations contradictoires, apparemment transmises par la famille, compliquent grandement l’affaire. Plus tôt dans le mois, le collège catholique privé des deux plus jeunes enfants reçoit une note expliquant que leur père est muté « en urgence » en Australie, avec un chèque pour payer le restant de l’année scolaire.
Xavier Dupont de Ligonnès raconte à un autre établissement, où sa femme travaillait en tant qu’assistante et enseignait le catéchisme, qu’elle a été hospitalisée des suites d’une gastro-entérite, mais le lycée reçoit ensuite une lettre de démission.
La radio Europe 1 rapporte qu’elle aurait dit à une amie : « Prie pour moi, je vais en avoir besoin. »
Sa voiture, une golf Volkswagen, a été retrouvée garée près de la maison, recouverte du pollen jaune du printemps. Quelqu’un avait tracé un message sur le capot : « Tu n’avais pas le droit. Tu nous manques. PK »
Son mari était censé travailler comme commercial publicitaire ou comme directeur d’une entreprise recensant les guides touristiques. Il avait raconté à certaines personnes qu’il était un agent secret américain et qu’il devait partir dans le cadre d’un programme de protection de témoin car il avait témoigné dans une grosse affaire de drogue.
Des experts scientifiques ont analysé de petites traces brunâtres trouvées dans la maison qui auraient pu être du sang. Il n’y avait aucun signe de lutte. Les poubelles avaient été vidées, les draps étaient pliés sur les lits et le lave-vaisselle contenaient six assiettes et six paires de couverts, datant de leur dernier repas. Les derniers signes d’utilisation du téléphone et de la connexion internet remontent au 3 avril.
LA CHASSE À L’HOMME
Dupont de Ligonnès a été aperçu pour la dernière fois le 15 avril 2011, une semaine avant que les corps de sa famille ne soient découverts. Il libèrait alors sa chambre d’hôtel en y abandonnant sa voiture, quittant ainsi le Formule 1 de la ville du sud-ouest Roquebrune-sur-Argens à pied, avec ce qui semblait être un étui de carabine sur le dos.
À la même période, à 30 kilomètres de Roquebrune-sur-Argens, Colette Deromme disparaît mystérieusement de sa villa de Lorgues. Elle laisse derrière elle sa voiture et ses clés. Son corps sera retrouvé un mois plus tard.
Xavier et Agnès avaient vécu à Lorgues pendant les années 90 et deux de leurs enfants y sont nés. Les enquêteurs ont étudié la possibilité d’un lien entre les deux affaires, mais ont finalement conclu qu’il s’agissait seulement d’une coïncidence et que Xavier n’avait rien à voir avec la disparition et la mort de Deromme.
>Un message très étrange en 2015
Mi-juillet 2015, une journaliste nantaise reçoit une photo, avec au dos, le message ci-dessus.
Dupont de Ligonnès aurait envoyé ce qui semble être une photo de famille de deux de ses fils assis à table à une journaliste de l’AFP. Au dos de la photo, rédigés à l’encre bleue, sont inscrits les mots « JE SUIS ENCORE VIVANT ». Juste en-dessous, en plus petit, « De là jusquà cette heure » (sic). Le message était signé Xavier Dupont de Ligonnès.
La journaliste a immédiatement fourni la photo à la police, qui a demandé une expertise graphologique ainsi qu’une analyse pour relever des traces d’ADN ou des empreintes digitales.
MAÎTRESSE
Il a été révélé qu’il avait une maîtresse.
Le fugitif, Xavier Dupont de Ligonnès, lui aurait donné 50 000 € via une société créée pour masquer les paiements.
La femme, dont le nom n’a pas été divulgué mais qui vit à Paris, a montré à la police les sms et les lettres envoyés par commercial catholique.
Une source proche de l’enquête révèle : « Elle a quitté sa maison pour rester avec des amis. Elle craint désormais pour sa vie. »
LE DISPARU ET L’E-MAIL
Sa sœur, Christine Dupont de Ligonnès, parle d’un e-mail que son frère a envoyé à deux amis en juillet 2010. Il y mentionne des « accidents », qui pourraient arriver à sa famille, et conclut avec ces mots :
« Je souhaite enfin que, même après une enquête de police, on ne puisse jamais laisser croire à mes parents, frères et sœurs, que je sois à l’origine de ces accients (même si les preuves sont formelles.) »
Xavier Dupont de Ligonnès a créé Netsurf Concept LLC, une société enregistrée au registre du commerce en Floride, aux États-Unis. Gérard Corona, un Français expatrié et directeur de la société Strategy Netcom, fondée en 1998, en était le conseiller. Corona se spécialise dans l’assistance aux étrangers pour tout ce qui touche aux procédures administratives et légales aux États-Unis.
Il aide également ses clients à ouvrir des comptes en banque à l’étranger et à obtenir des cartes bancaires anonymes, leur permettant de retirer de l’argent de n’importe où dans le monde sans laisser de traces. Xavier Dupont de Ligonnès aurait pu utiliser ces services pour disparaître.
DE NOUVEAUX ÉLÉMENTS
https://youtu.be/AnlXGPn-m10
Ces déclarations de l’avocat de la famille paraissent étranges :
On ne sait même pas quand les victimes ont été tuées. L’autopsie indique que la mort a eu lieu entre dix et vingt-et-un jours avant la découverte des corps. De telles imprécisions sont vraiment incroyables. (…)
En réalité, rien n’est certain dans cette affaire. Le seul fait est que des corps ont été trouvés au 55 boulevard Schuman. (…) Des enquêtes ont été menées, mais elles nous ont seulement permis de certifier que les corps partagent le même ADN. Aucune analyse n’a comparé cet ADN avec celui d’Agnès Hodanger. De plus, mes clientes certifient que la taille et le poids des corps ne correspondent pas aux mensurations des membres de la famille.
Pour moi, cela constitue une négligence au cours de l’autopsie. Mais cette autopsie permet à Christine et Geneviève de s’engouffrer dans la brèche du doute.
Ce que je sais aussi, c’est qu’un homme seul ne peut creuser un tel trou sous la terrasse, même s’il est aveuglé par la rage et la haine : 2,5 mètres cube de terre ont été remués. Cette affaire se base sur l’idée que Xavier Dupont de Ligonnès a tué sa famille avant de l’enterrer. Aucune autre piste n’a été explorée. Je ne sais pas qui a tué cette famille.
Aucun élément de leur vie ne m’aide à comprendre ce qui aurait pu les mener à cette situation. C’est la conclusion de mes clientes : puisque personne ne peut les avoir tués, le fait est qu’ils ne sont pas morts.